Face aux enjeux environnementaux et à la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les biocarburants, également appelés agrocarburants, apparaissent comme une alternative intéressante aux énergies fossiles. Produits à partir de matières végétales ou de déchets organiques, ils suscitent un intérêt croissant, notamment dans le secteur du transport considéré comme le secteur le plus polluant. Mais sont-ils réellement aussi vertueux qu’ils le semblent ? Dans cet article, Coursier Express fait le point sur les avantages et les inconvénients des biocarburants.

Quels sont les différents types de biocarburants ?

On distingue plusieurs générations de biocarburants, en fonction de l’origine de la biomasse utilisée et des procédés de production.

Les biocarburants de première génération

Les biocarburants dits de première génération proviennent principalement de cultures agricoles alimentaires telles que le maïs, la canne à sucre ou le colza. Ces matières premières sont transformées puis ajoutées aux carburants fossiles dans le but de réduire les émissions nocives des voitures, fourgons et autres véhicules, et de diminuer la dépendance aux combustibles non renouvelables. Il existe deux grandes filières de production des biocarburants : la filière des biocarburants « essence » et celle des biocarburants « gazole ». Le bioéthanol, obtenu par la fermentation du sucre, est mélangé à l’essence pour produire du SP95-E5, du SP95-E10, ou encore du superéthanol E85, tandis que le biodiesel, issu de la transformation des huiles et graisses, est ajouté au gazole classique pour obtenir du gazole B7 ou B10.

Les biocarburants de deuxième génération

Les biocarburants de deuxième génération, en phase de développement, représentent une avancée significative en matière de durabilité. Contrairement à leurs prédécesseurs, ils sont fabriqués à partir de résidus agricoles ou forestiers, et de déchets industriels. Leur principal avantage réside dans leur capacité à valoriser des ressources inutilisées tout en limitant la pression sur les terres agricoles destinées à l’alimentation humaine ou animale.

Les avantages des biocarburants

Réduction des émissions de CO2

L’un des principaux atouts des biocarburants réside dans leur capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment lorsqu’ils sont produits à partir de résidus ou de déchets organiques. Tout comme le pétrole, leur combustion libère du dioxyde de carbone, mais celui-ci correspond en grande partie à celui absorbé par les plantes durant leur croissance. Ce cycle fermé du carbone contribue à réduire l’empreinte carbone globale des biocarburants par rapport aux carburants fossiles.

Valorisation des déchets

Certains biocarburants de deuxième génération permettent de transformer des déchets agricoles, forestiers ou alimentaires en énergie utile. Cette approche réduit le gaspillage et optimise l’utilisation des ressources disponibles en donnant une seconde vie à ces matières. De plus, en intégrant ces déchets dans un cycle vertueux, on diminue la pression exercée sur les cultures alimentaires.

Moins de dépendance au pétrole

Les biocarburants jouent également un rôle stratégique en renforçant l’indépendance énergétique des pays. En diversifiant leurs sources d’énergie grâce à la biomasse locale, la France et les autres pays Européens peuvent réduire leur dépendance aux importations de pétrole et améliorer leur résilience face aux fluctuations du marché mondial.

Compatibilité avec certains moteurs existants

Enfin, certains biocarburants peuvent être utilisés sans modification majeure des moteurs. C’est le cas du diesel renouvelable ou HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) qui permettrait de réduire jusqu’à 90 % des émissions de CO2 sur tout son cycle de vie par rapport au gasoil classique, mais également des mélanges E10/E85.

Les inconvénients des biocarburants

Concurrence avec la production alimentaire

L’un des problèmes majeurs des biocarburants de première génération réside dans la concurrence entre cultures alimentaires et énergétiques. En mobilisant des terres agricoles pour cultiver du maïs, du blé ou de la canne à sucre destinés à l’énergie, on réduit les surfaces disponibles pour la production alimentaire. Cela peut entraîner une hausse des prix des aliments, avec un impact direct sur les populations les plus vulnérables.

Coûts de production plus élevés

Les biocarburants, notamment ceux de deuxième génération, sont encore plus coûteux à produire que les carburants classiques. Cette réalité freine leur adoption à grande échelle et limite leur compétitivité face aux carburants fossiles et aux biocarburants de première génération.

Bilan carbone pas toujours si positif

Bien que souvent présentés comme une alternative durable, ces carburants ne sont pas toujours aussi verts qu’ils le semblent. Entre irrigation, engrais, déforestation et consommation d’énergie pour la transformation, leur bilan carbone peut être moins favorable que prévu.

En somme, les biocarburants offrent des perspectives intéressantes pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles et atténuer l’impact environnemental des transports. Cependant, leur production soulève aussi des enjeux économiques, écologiques et éthiques. Pour en tirer pleinement parti et les intégrer dans une transition énergétique durable, il est essentiel de poursuivre les recherches.